LA FOULE
by Angel Cabral & Michel Rivgauche ©1958
I see again the city in celebration and delirious frenzy suffocating under the sun and the joy •
And I hear through the music the joyous cries, the laughter that explodes and bounces around me •
And lost among the people who jostle me--dizzy, off-balance--I stay there •
When suddenly, though, I turn around, he steps back and the crowd throws me into his arms •
Carried away by the crowd who pull us along, squeezed into each other we form only one single body and flow effortlessly •
[The crowd] pushes us, chained one to another, and lets us blossom, drunk and happy together •
Pulled along by the throbbing crowd who dances a crazy farandole [quick dance], our two hands stay welded together •
And sometimes lifted, our two bodies, entwined, float up and fall back down blossoming, drunk and happy together •
And joy splashes out through his smile, piercing me and bursting again in the depths of me •
But suddenly, I force out a scream among the laughter when the crowd tears him from within my arms •
Carried away by the crowd who pull us and drag us far from one another, I fight and argue but the sound of my voice is smothered by the laughter of others •
And I scream in distress, in fury, in rage, and I cry and am dragged by the crowd who rushes along, who dances a crazy farandole •
I am taken further away and I shout with my fists damning the crowd who stole from me the man it gave me
and that I´ll never find again •
Je revois la ville en fête et en délire, suffoquant sous le soleil et sous la joie • Et j´entends dans la musique les cris, les rires qui éclat´nt et rebondiss´nt autour de moi • Et perdue parmi ces gens qui me bousculent, étourdie, désemparée, je reste là • Quand soudain je me retourne, Il se recule, et la foule vient me jeter entre ses bras • Emportés par la foule qui nous traçne, nous entraîne, ecrasés l´un contre l´autre nous ne formons qu´un seul corps • Et le flot sans effort, nous pousse enchainés l´un et l´autre et nous laisse tous deux, épanouis, enivrés, et heureux • Entrainés par la foule qui s´élance et qui danse une folle farandole • Nos deux mains restent soudées • Et parfois soulevés nos deux corps enlacés s´envolent et retombent tous deux épanouis, enivrés, et heureux • Et la joie éclaboussée par son sourire • Me transperce et rejaillit au fond de moi • Mais soudain je pousse un cri parmi les rires quand la foule vient l´arracher
d´entre mes bras • Emportés par la foule qui nous traîne, nous entraçne, nous éloigne l´un et l´autre • Je lutte et je me débats mais le son de ma voix s´étouffe dans les rires des autres et je crie de douleur, de fureur et de rage, et je pleure • Et trainée par la foule qui
s´élance et qui danse une folle farandole, je suis emportée au loin • Et je crie par mes poings maudissant la foule qui me vole l´homme qu´elle m´avait donné et que je n´ai jamais retrouvé •